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La contraception partie 1- mon histoire avec la pilule

Chère Harmonie,

Mon cerveau, embrumé par une rhinopharyngite, a du mal à formuler un raisonnement quelconque. Pourtant, j’ai envie de me lancer dans un sujet complexe qui me tient à cœur : la contraception. Un sujet un peu tabou également et souvent (malheureusement) réservé quasi-exclusivement aux femmes. Quelles chances nous avons, mesdames !

Je ne pense pas être la seule pour qui ce sujet a été compliqué à l’adolescence, mais pas seulement. Toujours est-il qu’arrive le jour où la question de la contraception finit par s’imposer à nous d’une manière ou d’une autre, n’est-ce pas ? On a eu beau jouer les saintes-nitouches aux réunions d’information au collègue et faire genre, on s’y connaît quand la situation le nécessite, on a bien sûr toujours écouté attentivement, l’air de rien. Le problème, c’est que savoir n’est évidemment pas connaître ni comprendre non plus.

D’ailleurs dans ce corps qui devient femme : comment pourrait-on vraiment arriver à appréhender à la fois ses nouvelles formes et ses nouvelles fonctions ? Bref, entre savoir et savoir faire ou réagir, prendre les bonnes décisions, être responsable, il y a un fossé et c’est normal ! Il est si facile de juger  une jeune fille qui tombe enceinte, mais honnêtement, est-ce que ça n’aurait pas pu vous arriver à vous aussi ? Bref, continuons sur la contraception en tant que tel…

Personnellement, je n’ai pas osé poser la question à ma maman et mes amies de l’époque n’étaient pas du tout à la même étape que moi dans leurs relations. Je me suis, alors, contentée de laisser venir les choses, persuadée que mon petit copain de l’époque saurait gérer. Oui, j’étais si amoureuse, que je ne pouvais pas envisager ne serait-ce qu’un seul instant qu’il soit aussi immature que moi…

Un conseil pour les jeunes femmes dans cette situation ? Je n’en ai pas, car si vous ne vous sentez à l’aise avec personne pour en parler, je crois qu’il serait mal avisé de ma part de dire qu’il faut quand même, ça serait de l’hypocrisie. Surtout, que face à certains sujets, certaines personnes peuvent avoir des réactions plus néfastes qu’autres choses, mais essayez d’en parler avec votre partenaire au moins avant.  Par sms ou autre messenger si c’est plus facile, mais je pense que c’est nécessaire, car rien que la façon d’où il vous répondra vous permettra de savoir si c’est une bonne idée de faire cela avec lui ou elle…

Je n’entrerais pas dans les détails de la suite. J’en retiens simplement que si je voulais contrôler cette part de ma vie, je devais prendre les choses en main. Inutile d’espérer une participation ne serait-ce qu’infime de l’autre ou du moins ne pas compter dessus… Car ne tournons pas autour du pot, en cas d’incident, c’est quand même les femmes qui se retrouvent avec une décision à prendre. Décision qui aura un impact sur leurs corps, leur psyché et sur tout le reste de leur vie (bah oui, tant qu’à faire !).

Je ne parle pas dans cette lettre des IST, MST et autres bonheurs du genres. C’est un sujet bien sûr qui est tout aussi important, bien entendu, mais qui pour le coup concernent, directement et sans ambiguïté aucune, les deux partenaires.

Evidemment, quand on m’imposa la pilule (j‘utilise à juste titre le mot « imposer« ), je ne trouva absolument rien à redire ! J’étais même soulagée, car oui, je reprenais ainsi le contrôle de mon corps (on notera qu’on parle bien ici de contrôle et non pas de compréhension.) sans devoir dépendre de quiconque sinon de moi. Mais, m’avait-on expliqué quel impact cette prise d’hormone aurait sur moi ? Non !

Bien sûr, au début, cela me libéra du poids de la crainte de tomber enceinte (même si le risque restait présent, mais qu’on ne m’en avait pas parlé). Je trouvais même dans l’atténuation de mon acné un avantage considérable. Que des bénéfices pour un simple cacheton à avaler tous les jours à heure fixe, mais que demande le peuple ?

Je pris la pilule une bonne année avant que ma mère décide que voir un médecin approprié serait quand même préférable. Mon premier rendez-vous gynécologique se déroula en sa présence. Je subis un interrogatoire sur mes pratiques sexuelles qui encore aujourd’hui me laisse perplexe (voyeurisme ?).

D’ailleurs, j’ai lu récemment qu’effectivement ça n’avait aucune utilité, mais je ne retrouve pas l’article en question.

Bref j’eus droit à la pesée, nue, avec un commentaire déplacé sur mon poids, mais j’échappais à l’examen (qui d’ailleurs est totalement inutile en tout cas dans la situation dont je vous parle comme c’est très bien expliqué ici.) Et voyant que mon acné n’avait pas encore disparu suite à la prise de MINIDRIL, elle me prescrivit la fameuse DIANE 35. Évidemment, sans me demander mon avis ni comment je vivais ce mode de contraception. Elle ne me proposa pas non plus d’autres alternatives et m’informa encore moins des effets secondaires qui pouvaient survenir.

Encore jeune et naïve, je ne remis pas en cause cette prescription et changeai donc pour celle-ci. Dès le premier cycle sous elle, j’eus des règles (saignements de privation en réalité, mais je l’ignorais totalement bien entendu.) plus abondantes et douloureuses. Moi qui sentais, auparavant, une simple gène dans le bas-ventre la veille de leur arrivée et plus rien ensuite, je fus vraiment surprise.

Une amie à moi qui souffrait sûrement d’endométriose me conseilla de prendre de l’ANTADYS. Et effectivement, ça fonctionnait, mais si bien qu’il me semblait ne plus avoir de bas-ventre du tout. Je ne le pris qu’une fois et décidai de finalement plutôt de faire avec, car perdre toute sensibilité me faisait bien plus peur qu’avoir mal.

Mon second rendez-vous (deux voir trois ans plus tard, je ne sais plus très bien) avec la gynécologue fut une réplique parfaite du premier. Le seul changement fut l’autosatisfaction de celle-ci devant la disparition complète de mon acné. Je me risquais pourtant à lui dire que je souffrais durant mes règles depuis ce changement de pilule et que je ne trouvais pas cela normal. Elle manqua me rire au nez, me traita de chochotte, prétextant que c’était normal d’avoir mal pendant ses règles. Je lui rétorquais que je n’avais jamais eu mal avant.

Où trouvais-je le courage d’insister ? Probablement, grâce à mon cours de SVT sur la reproduction en première S. Pas grâce au cours en lui-même, non. Mais à un garçon qui s’était indigné quand notre professeur avait présenté la pilule comme une solution miracle. En effet, sa petite amie avait subi certains terribles effets secondaires de la pilule et avait failli y passer. La professeure balaya ces inquiétudes d’une pirouette, mais en catimini il insista auprès de moi et mes amies. Il nous demanda de ne jamais laisser qui que ce soit nous obliger à prendre cette merde sous prétexte de facilité ou sécurité et surtout pas un mec pour que ça soit plus « confortable » pour lui.

Ces propos me restent encore aujourd’hui gravé dans la tête. Il me permit pour la première fois de remettre en question tout ce que je prenais pour acquis. De me demander ce que moi je voulais véritablement et non ce que la société pouvait m’imposer. J’aimerais pouvoir le remercier de ces mots. Il a clairement ouvert un champ de possible pour moi.

En tous les cas, devant mon insistance, elle se résolut à me prescrire une prise de sang. Celle-ci révéla que j’avais du cholestérol. Heureusement, je disposais d’une prise de sang de quelques mois avant la prise de DIANE étrangement parfaite. Pourtant, elle appela ma mère et lui demanda de me mettre au régime pendant 3 mois pour prouver que mon alimentation était la cause du problème.

Autant vous dire que ce régime (que je m’y bien du temps à faire, car j’étais sûre qu’il ne servirait à rien.) n’eut pas le moindre effet sur mon cholestérol. Elle m’appela pour que nous fixions un rendez-vous pour en discuter, mais j’allais déménager et avais d’autres chats à fouetter. Je pensai aller voir un gynéco dans ma nouvelle ville, mais seule, étudiante, je n’osais pas en choisir un au hasard et je restai sous Diane pendant plus d’une année supplémentaire.

Au final, j’ai été quasiment 6 ans sous pilule dont environ 5 ans sous DIANE. Et oui, je ne suis pas allée très souvent chez la gynéco (mais en réalité, il n’était pas nécessaire que j’y aille plus malgré ce qu’ils veulent nous faire croire). Mais tout de même, j’ai bien laissé traîner les choses. Clairement, je ne me rendais pas totalement compte que j’avalais du poison ou je ne voulais pas l’admettre.

Pourtant, durant mes études, je fis un travail sur l’effet des œstrogènes sur l’environnement et l’homme. Les conséquences de la prise des contraceptifs étaient horrifiantes, mais je ne voyais à cette époque pas d’autres alternatives. Je savais, bien sûr, que ce mode de contraception allait à l’encontre de mes valeurs notamment environnementales, mais aussi féministe. Mais, encore une fois, savoir n’est pas connaître, ni comprendre, et surtout pas, passer à l’acte. Les alternatives à ma connaissance me paraissaient impossibles. Je n’avais pas confiance en mon copain pour passer au préservatif. Le stérilet ne me tentait pas. Je trouvais que c’était tellement pratique de ne pas avoir à y penser, un genre de confort. Même si en vrai je devais y penser tous les jours à ma pilule (charge mentale?). Je ne voulais juste pas me l’avouer…

Les effets secondaires continuèrent à s’accumuler et je finis par ne plus pouvoir faire comme s’ils n’existaient pas. Ce n’était que des petites choses comme la prise de poids, ou la perte de libido, mais ils étaient là. Il fallut qu’un jour par crainte d’avoir oublié ma prise de la veille, je lise la notice pour réaliser…

Non seulement, la DIANE 35 n’était absolument pas un contraceptif, seulement un médicament contre l’acné. D’ailleurs il n’était stipulé nul part qu’il s’agissait d’un contraceptif, et la liste des effets secondaires était édifiante. J’y reconnus un certain nombre de mes symptômes. Je pris, ce jour-là, la décision d’arrêter. J’informai mon ami de l’époque que ça serait désormais le préservatif ou rien. Nous n’allions plus habiter ensemble à ce moment-là ce qui me facilita sans aucun doute la tâche. À la fin de la plaquette, je jetai celles qui me restaient.

Je ne réalisais que plus tard que ce fut la première décision de ma vie pour moi et uniquement pour moi. J’assumais le fait d’être une femme et de ne pas avoir à subir cette condition. Je découvris que j’avais le pouvoir de dire non et de ne pas me plier aux exigences de mon conjoint. Celui-ci n’avait d’ailleurs pas manqué de râler. À demi-mot certes, mais râler quand même. Vous les connaissez sans doute ces petites phrases culpabilisantes du style « c’est quand même pas pareil avec une capote »…

Mais cette première étape dans mon chemin de la prise de pouvoir sur ma fertilité n’est que le début. Je vous détaillerai la suite la semaine prochaine ….

WOH suspens !

T’inquiètes, Harmonie, c’est juste que je me rends compte que j’ai beaucoup à dire sur ce sujet. Pour éviter de faire quelque chose d’indigeste, j’ai décidé de couper ici pour le moment !

Ellega

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