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Femmes vs femmes, mais pourquoi ? Et si on passait à la sororité ?

Chère Harmonie,

Si tu te souviens de ma lettre de dimanche dernier, je terminais sur un petit dialogue. Dialogue totalement inventé, mais qui n’est pas, je pense, sans rappeler, bien des discussions de « filles ». Au cas où tu l’as oublié, je te le remets juste ici :

— Franchement, ça lui va pas du tout cette coupe de cheveux !
— Tellement, en plus, t’as vu, elle a les cheveux gras !
— Elle pourrait faire un effort, quand même !

Non, ça fait pas écho en toi ? Si ce n’est pas le cas, je te propose ce type de discours peut-être :

— Quoi ? Elle n’est encore pas là, aujourd’hui ? Mais franchement, elle est jamais là ! C’est fou quand même d’avoir autant de congés !
— Non, mais c’est clair ! Et puis, je ne veux pas dire, mais elle en fait trop avec son gosse ! Tu sais pourquoi elle a pris congé ?
— Non, pourquoi ?
— Pour la transition entre nounou et école. Elle a pris une semaine pour que ça soit PRO-GRE-SSIF ! Non mais sérieux, il y a 7 ans le gamin, c’est bon quoi !
— Ah oui quand même ! Si moi, je prenais congé dès qu’il y a un changement dans la vie de mes enfants, je ne serais jamais là !

Alors, ça te dit quelque chose ? (précisons que si la personne en question, justement, ne prenait aucun congé pour la rentrée de son enfant, elle serait traitée de mauvaise mère, mais bref !) Tu noteras que ce sont des femmes qui échangent dans mes deux exemples. Je ne suis peut-être pas objective puisque je suis moi-même de sexe féminin, mais je n’ai pas souvenir d’avoir entendu des hommes parler d’un autre homme d’une manière aussi dure et jugeant. Est-ce le cas ou s’agit-il seulement d’un préjugé ? (Car comme précisez dans l’article de la semaine dernière, oui, j’ai des préjugés et ce n’est pas à mon honneur… Donc si des hommes passent par ici, ne prenez pas mal le fait que je parle beaucoup des femmes, je parle simplement de ce que je connais le mieux.)

Chez les femmes, de mon expérience, c’est monnaie courante et pire, il y a un effet « boule de neige ». Effet dont j’ai pu moi-même constaté récemment. J’avais remarqué ma tendance « naturelle » à la critique et j’essayais de transformer mes pensées en bienveillance et pourtant…

Quand je me suis retrouvée à travailler avec presque que des femmes (ce dont je n’avais pas l’habitude), j’ai repéré immédiatement les remarques continuelles, les messes-basses, jugements, les chuchotis qui s’arrêtent quand on rentre dans une pièce, les langues (de vipère) qui se délient quand untel est en congé et qui font des minauderies quand le même untel est dans la pièce… Cela m’a choquée et profondément blessée. Malgré ma prise de conscience vis-à-vis de ces comportements, il ne fallut que quelques semaines, pour que je me surprenne à penser le même genre de chose. Si j’ai repoussé ces pensées dans un premier temps, elles ont eu tôt fait de se transformer en parole et en une attitude abjecte. Je ne me reconnaissais plus.

Heureusement, je suis sortie de ce milieu. Je n’ose pas imaginer comment j’aurais fini avant de réussir à me dégager de cette influence de groupe. Mais ce n’était pas totalement négatif, car j’en ai retiré quelque chose. Ah oui ? Quand ai-je appris ?

Que j’étais faible, oui, mais aussi que nous, les femmes, avions un gros travail à faire sur cela (bien sûr, je caricature, les hommes ont sûrement aussi un travail à faire sur cela, et les femmes ne sont pas toutes malveillantes loin de là.).

Que la concentration d’un certain nombre de personnes (en l’occurrence des femmes) créait une sorte d’effet de groupe qui nous tirait toutes vers le bas. Comme si, une énergie circulait entre les individus et qu’une seule attitude négative ou positive pouvait l’orienter dans un sens ou l’autre (pour le coup, plutôt en négatif et c’est ce qui se passe en général). On remarque aussi cet effet chez les hommes, ne dit-on pas souvent qu’un garçon est charmant sauf quand il est avec ces amis ? Mais la différence avec les femmes, je crois, c’est que dans les groupes masculins, il y a moins de médisance au sein même des membres du clan, et plutôt sur ceux étant hors du clan. Cette attitude se produit aussi chez les filles bien sûr et c’est ce qui donne lieu, je pense, au harcèlement scolaire notamment.

Bref, revenons-en à cette fameuse énergie de groupe. Je crois que les énergéticiens parlent d’égrégore. L’égrégore est un concept désignant un esprit de groupe influencé par les désirs communs de plusieurs individus unis dans un but bien défini. Cette force aurait besoin d’être constamment alimentée par ses membres au travers de rituels établis et définis. Tu ne crois pas qu’on touche un truc, là, Harmonie ?

Je pense vraiment qu’on peut parler de la création d’un égrégore dans ce genre de situation. A savoir quand on est en groupe et qu’on a des intérêts communs. Intérêts qui peuvent être très simples comme celui de finir le travail de la journée… Et donc cet égrégore peut servir l’intérêt de tous de manière efficace s’il n’est pas détourné par des pics de négativité. Alors dans le cas d’un groupe de femmes qui n’arrivent pas à finir le travail qu’on leur demande dans le temps imparti, on peut rapidement tomber dans la critique de ceux qui n’en font pas « assez » aux dires d’une ou de plusieurs d’entre elles. Et comme, appartenir à un groupe est important, chaque individu suit le mouvement majoritaire pour ne pas en être exclu. Alors, on s’adonne aux rituels du groupe qui sont dans ce cas, les critiques que l’on sert à tout-va.

Tu me diras, c’est bien beau, d’avoir découvert cela, mais à quoi cela nous avance ? Je crois que cela nous permet de nous en rendre compte et aussi de nous déculpabiliser. Car c’est facile de se dire qu’on est horrible de faire cela et de laisser la petite voix reprendre le dessus. Cela nous permet aussi de comprendre qu’on peut, avec un peu de travail, renverser le système.

Car oui, on le peut.

Qu’est-ce que ça donnerait si on disait plutôt : 

— Franchement, je l’admire, je n’aurais jamais osé !
— Osé quoi ?
— Ben changer de coiffure et s’assumer  !
Qu’est-ce qu’on pourrait bien nous répondre alors, sinon :
— C’est clair, comment elle fait pour être aussi à l’aise en étant juste elle. Comment arrive-t-elle à s’en foutre du regard des gens ?
— J’en sais rien, mais elle m’épate !
Ou
Quand quelqu’un nous dit :
— T’as vu, Bidule a encore pris congé pour la rentrée de son fils !
Répondre :
— Elle a bien raison ! Si c’est important pour elle, elle doit être là pour voir ça !
Cela ne pourra engendrer qu’une réaction de ce type, non ?
— Oui, et puis, les changements pareils ce n’est pas tous les jours !
— Tout à fait !

Ne peut-on pas mettre cette énergie de groupe au service du respect, de la bienveillance, du partage ? Ça serait un peu magique comme effet, non ? Alors pourquoi pas s’en servir pour faire le bien autour de soi ?

On passerait alors du mépris entre femmes à la sororité ! Encore une fois, je parle ici au féminin, mais il y a bien sûr l’équivalent masculin qu’on connaît mieux à savoir la fraternité ! J’insiste (désolée pour les hommes qui me lisent) sur le pendant féminin des choses. Si bien sûr, ce que je raconte peut-être asexué et l’est souvent, il y a quand même dans ce cas une différence. La rivalité entre les femmes est bien plus tangible que celle entre les hommes. À quoi cela est dû ?

Je ne suis pas historienne, j’ai simplement lu des choses ici et là. Ce que j’en retiens c’est que la société (oui encore elle, mais j’ai déjà clarifié ce point dans ma précédente lettre sur l’emploi de ce terme.) a poussé et pousse davantage les femmes à cela que les hommes. Pour appuyer ses propos, je vous renvoie sur ce passage tiré de marie-claire (ce n’est sans doute pas le magazine le plus féministe du monde, mais les propos sont intéressants, et même si ce n’est pas l’article en question qui me fait dire que la rivalité est plus présente entre femmes qu’entre hommes, il s’en approche) :

« Selon la sociologue du travail Danièle Kergoat, « la domination masculine est tellement intériorisée par les femmes qu’elles se minorent elles-mêmes. Elles se renient en tant que genre dévalorisé et plein de défauts.»(1) Autrement dit, dans un contexte socio-économique où la majorité des femmes continuent d’exercer des professions sous-payées et déconsidérées, accuser ses collègues d’être méchantes et perverses permet de ne pas s’identifier à un groupe socialement infériorisé. «Toutes des salopes, sauf moi… Donc, je ne suis pas une femme, donc ma misogynie me protège contre l’identification à une catégorie dénigrée.»

Pas étonnant dans ces conditions que 88% des femmes, selon un sondage réalisé il y a quelques années par le site monster.fr, déclarent préférer travailler avec des hommes qu’avec leurs congénères. »

Il y aussi l’impact des injonctions faites aux femmes que j’ai déjà lourdement (peut-être trop?) traitée, mais qui est dans cet article de beauté ronde expliqué de manière plutôt concise :

« La société de consommation actuelle et les effets néfastes de la publicité ont instauré un climat de besoin constant et de mésestime de soi. Les femmes subissent en permanence des injonctions pour être belles, intelligentes, minces, maquillées, à la pointe de la mode… Cette situation cause des complexes et une mauvaise image de soi au quotidien. La rivalité entre les femmes peut probablement trouver son explication dans les mœurs modernes : complexée, ayant pris pour modèle un objectif difficile -voire impossible- à atteindre, la femme se met en rivalité avec ses consœurs pour se mettre en valeur et se démarquer. Cette attitude, loin de la rendre heureuse va au contraire aggraver la mauvaise image qu’elle aura d’elle-même et causer du tort à son entourage. »

Dans ces conditions, parler de sororité, plutôt que de fraternité au sens large, me paraît donc adéquat. Ce terme est (d’après WIKIPÉDIA) un nom commun féminin provenant du latin soror, qui signifie sœur ou cousine. En latin médiéval, il a désigné une communauté religieuse de femmes. Aujourd’hui, il est l’équivalent féminin de « fraternité ». Le terme anglais sisterhood avait déjà été fabriqué par les mouvements féministes américains en réaction au terme brotherhood (fraternité). Ce terme exprime alors l’expression de la solidarité entre femmes. 

La sororité désigne les liens entre les femmes qui se sentent des affinités, ont un vécu partagé dû à leur même condition féminine et au statut social qui y est alors lié. Les mouvements féministes ont également promu la diffusion de l’utilisation du terme d’ « adelphité » qui désigne ce même sentiment de confiance, de complicité et de solidarité dans une relation entre homme(s) et femme(s). Dans le cas de frères et sœurs ou d’amis par exemple.

La sororité est donc un rapport de similitude, de solidarité qui unit les femmes par leur partage de la condition féminine. Il s’agit tout simplement d’avoir une attitude de sœur (à savoir bienveillante, aidante, aimante, encourageante, protectrice…) avec les autres femmes que l’on côtoie. Il nous suffit de dire ce qu’on voudrait qu’on nous dise et non ce qui valorise notre ego. Ce faisant, l’égrégore crée serait alors empli de bonté et il pourrait avoir des conséquences positives qu’on n’imagine sans doute pas… OK, je vais peut-être un peu trop loin, mais vraiment, Harmonie, ne sommes-nous pas toutes des sœurs au fond ? Alors, on s’y met ?

 

Ellega

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