Nous en faut-il vraiment plus ? Et si avoir empêchait d’être !
Chère Harmonie,
« Travailler plus pour gagner plus », un slogan dont tout le monde se souvient, non ?
A l’époque, adolescente en quête d’approbation des autres, je n’appréciais déjà pas cette idée. Je ne vais pas rentrer dans le débat du « gagner plus », mais plus que quoi ? Car ne devrait-on pas, TOUS, simplement gagner ce dont on a besoin pour vivre et se sentir en sécurité ? Non, je vais zapper cette idée et passer à la suite !
Pourquoi vouloir toujours « plus » ? D’où vient ce besoin -pardon je confonds besoin et envie- donc d’où vient ce désir d’avoir toujours plus ? Est-ce qu’en Harmonie, les gens entassent tout un tas de choses ? Cela m’étonnerait vraiment. D’ailleurs, je n’ai pas nommé ce site avoir de l’Harmonie, mais être en Harmonie. J’ai l’air du coup d’opposer ces deux verbes : avoir et être. Mais le sont-ils ? Je ne peux que me rendre compte que grammaticalement parlant, tout à l’air de les opposer. On accorde après le verbe être et pas derrière le verbe avoir ; je vous passe les exceptions (COD avant le verbe) évidemment, je ne vais pas vous faire un cours de conjugaison. Je m’égare, mais oui, à mon humble avis, c’est deux verbes sont diamétralement différents et dans notre vie terrestre, l’avoir peut nous empêcher d’être.
On a tous (enfin, je crois) appris que l’argent ne fait pas le bonheur, pourtant, j’ai toujours ressenti une satisfaction à posséder. En tant que grande sœur, il m’a toujours été difficile de partager, encore aujourd’hui parfois… Néanmoins, quand j’ai entendu parler pour la première fois de minimalisme (je ne me souviens plus exactement comment, probablement avec la chaîne de Laetitia, le corps, la maison, l’esprit, je te suggère cette vidéo qui parle de son parcours qui est très intéressante de mon point de vue car elle montre à quel point le zéro déchet (je vous renvoie à mon article sur le sujet d’ailleurs), l’écologie, le minimalisme et tous les thèmes que je compte abordés sont liés ), j’ai senti que je touchais là quelque chose d’important à mon épanouissement.
Je me suis empressée d’acheter le livre de Mary Kondo, la magie du rangement (il a fait parlé de lui d’ailleurs). Alors certes, ce livre ne parle pas de minimalisme à proprement parlé, mais de désencombrement, et de fil en aiguille j’ai lu Zéro Déchet de Béa Johnson. J’avais à son encontre, un peu de scepticisme car ayant une formation dans l’environnement et dans la gestion des déchets en particulier ainsi qu’un travail dans le domaine, je doutais qu’elle ait de véritables idées innovantes. Force est de constater que je me trompais, alors certes concernant la gestion des déchets, elle n’avait rien inventé mais sur sa façon d’utiliser les concepts « refuser, réduire, réutiliser, recycler », je découvrais vraiment avec elle, « le minimalisme ».
Le meilleur déchet est celui qu’on ne crée pas, ça avait été la base de mes cours et pourtant je n’avais jamais été jusqu’à faire le lien que ma production de déchets venait de ma consommation non raisonnée. J’avais beau acheter en vrac au maximum, acheter mes légumes et mon pain dans une amap, avoir un lombricomposteur sur ma terrasse, trier mes déchets, aller à mon travail en vélo, je n’y étais pas, et même plutôt loin. Ma prise de conscience n’avait pas été complète comme j’en ai parlé dans mon article précédent.
Je m’en suis voulue Harmonie, si tu savais. Persuadée d’être une « bonne » personne (bienveillance, bienveillance, j’ai du boulot, hein?), je me suis pris une claque dans la gueule.
Alors, oui, je faisais déjà des efforts, mais j’étais dans ma petite bulle. Je faisais des efforts d’un côté, et de l’autre, j’achetais des fringues à bas prix dans des magasins (dont je ne citerais pas les noms) sans penser aux conditions de fabrication, j’achetais sans considération, juste pour atteindre un plaisir éphémère.
Alors, j’ai commencé le tri (il y a a fallu un déclic émotionnel pour que je me lance, dont je vous reparlerais quand je me sentirais prête).
J’ai raisonné de plus en plus ma consommation et je ne suis qu’au début du chemin (sachant que nous avons rénové notre appartement et ça c’était une sacré paire de manche, mais je vous en parlerais une autre fois peut-être) et parfois je rechute. Il est parfois difficile de ne pas céder au consumérisme qui nous pousse chaque seconde à l’avoir et nous réduit à être des consommateurs (petite interlude musicale) Et non je ne fais pas encore tout comme il faudrait, loin de là, mais à chaque décision que je prend en ce sens, j’avance vers un mieux pour moi et la vision du monde que je veux porter. (Sois le changement que tu souhaites voir dans le monde, Gandhi)
Tout ce cheminement m’a permis de réaliser au plus profond de moi qu’avoir ne me rendait pas heureuse et ce qui nous rend heureux, c’est d’être nous-même. D’accéder à notre vrai moi. Pas la petite voix qui parle dans notre tête et commente tout, tout le temps, mais nous. Ni ce que le monde occidental voudrait que l’on soit. J’ai compris que je devais apprendre à m’aimer moi et à ne pas acheter des choses pour essayer de ressembler à « je ne sais même pas à qui ou quoi ». Je vous reparlerais bientôt de cette petite voix qui parle sans cesse dans ma tête, mais je tiens déjà à vous renvoyer vers ce livre « L’éveil » et ma chronique sur celui-ci, ici, qui parle de beaucoup de chose dont je viens de vous parler.
Aujourd’hui, je sais que je me sens mieux dans un endroit épuré où je laisse davantage de place à l’espace qu’aux objets. Épuré ne voulant pas dire aseptisé. J’ai découvert que je préférais avoir quelques vêtements que j’adore et que je mets souvent car j’y suis à l’aise qu’une armoire pleine de jolies choses dans lesquelles je ne me sens pas moi-même et que, donc, je ne mets pas (ce qui ne veut pas dire que mon armoire est vide, je n’en suis pas à la capsule 333, loin de là). Je crois vraiment que limiter l’avoir me permet d’être davantage moi-même.
Je n’achète plus pour me sentir heureuse un instant, à la place quand je sens l’envie d’acheter quelque chose, je me pose un instant. Je réfléchis. Je le note sur un papier et j’y reviens plus tard….
Et si j’ai toujours envie de l’acheter. Je me pose alors des questions : Pourquoi est-ce que j’ai envie d’acheter cet objet ? Comment je me sens à l’idée de l’avoir ? Est-ce qu’une fois que je l’aurais, je serais plus heureuse ? Si oui, pourquoi ? Si non, alors pourquoi je veux l’acheter ? En ai-je besoin ? Oui ? Pour quoi faire ? N’ai-je pas déjà quelque chose qui a la même fonction ? A t il été fabriqué dans de bonnes conditions (environnementaux et sociétaux)? Si non, existe t il un objet similaire fait dans de meilleurs conditions ? ect ect… Au final, il se peut que j’achète l’objet tout de même. Soit parce qu’il y a une bonne raison (ça me rend vraiment heureuse ou j’en avais vraiment besoin et envie). Soit parce que je n’ai pas su me refréner (je ne suis qu’au début du chemin) et alors j’essaye d’identifier la raison de ce « craquage ». En tous les cas, le fait de ne plus laisser l’achat être simplement compulsif me permet de me connaître davantage à chaque fois, de savoir qui je suis finalement et je ne suis pas une consommatrice lobotomisée.
Et vous, est-ce que acheter vous procure du plaisir ? Durable ou éphémère ? Est-ce que vous allez faire des achats pour remonter le moral ou pour vous récompenser (un peu comme pour la nourriture ?) ? Faire du shopping est-ce pour vous une activité sociale ? Vos placards sont-il remplis d’objet dont vous ne vous servez pas ? N’avez vous pas la sensation de ne pas être tranquille quand il y a trop de choses autour de vous ? Qu’en pensez-vous ?
Si cela vous intéresse j’approfondirais avec vous ma notion du minimalisme, même si je ne considère pas comme tel, je chemine vers le moins mais mieux, quitter le superflu pour aller à l’essentiel et non l’utile car comme le dit le Petit Prince : c’est vraiment utile puisque c’est joli.
Ellega
PS : Harmonie, je me rends bien compte que je me mélange dans mes propos, tout s’imbrique dans ma tête, arrives-tu à me suivre ? D’une lettre à l’autre, je reviens au même sujet… Je voulais aborder avec toi tous les concepts qui me permette de cheminer vers toi, mais tout est tellement intrinsèquement lié que je m’y perds. La petite voix dans ma tête me dit que c’est n’importe quoi, que je devrais tout reprendre, mais je crois que je vais me contenter d’être ce que je suis et lâcher prise sur cette perfection que je veux à tout prix atteindre, j’espère que vous me comprendrez…