BIENVEILLANCE,  ETHIQUE / PARTAGE,  RESPECT,  SIMPLICITE / NATUREL

Et l’amitié dans tout ça ?

Chère Harmonie,

J’avais prévu de faire cet article depuis un moment. Il me paraissait évident que je devais aborder ce sujet.

L’amitié, c’est quand même le Graal ultime de la relation aux autres, c’est ce qu’on l’on recherche tous. Ce sentiment de connexion complet, fort et unique. Et étant donné mon introversion et mon caractère un peu – particulier disons – mes amitiés (ou leur absence) m’ont beaucoup questionné. Je voulais aborder cette thématique suite à ma lettre sur l’introversion car comme par hasard, il s’est passé plusieurs événements qui ont fait que j’ai repris en pleine gueule le fait que j’ai apparemment un problème avec ça.

J’ai donc commencé à écrire, il y a plusieurs semaine, mais je ne l’ai pas terminé et j’ai repoussé, repoussé, repoussé. Je crois que j’avais peur, peur qu’on interprète mal mes mots, peur de blesser des personnes qui me sont chères, même si nos amitiés ne reflètent pas la notion idyllique qu’on imagine aisément derrière ce terme. 

Ne te détrompe pas, je ne viens pas me plaindre ici. Je sais aujourd’hui que l’amitié n’a rien d’une relation stable, durable et sans aucune dispute. Je sais aujourd’hui que l’amitié ne se mesure pas au nombre de selfies fait ensemble, au nombre de sms échangés. Une amitié peut être forte même si on ne se voit pas tous les jours, ou au contraire s’arrêter dès que quelques km nous séparent.

Revenons un peu sur la définition qu’on donne au mot AMI: 

  • Personne qui de la part d’une autre est l’objet d’un attachement privilégié; celui, celle qu’on aime et/ou qui aime.
  • C’est une personne qui a toute notre confiance
  • Personne qui veut du bien à une autre personne, qui manifeste de la bienveillance envers quelqu’un.
  • Personne(s) qui s’attache(nt) à défendre les intérêts de quelqu’un. 

Quand on s’attache à ces définitions, on voit bien qu’il n’y a en réalité rien sur la durabilité, sur la force de cette relation, alors pourquoi distinguons nous les amis des copains ? Pourquoi sommes-nous persuadés qu’un ami doit être présent pour nous à chaque instant ? Que quand on ne prends plus de nouvelles régulièrement, on est plus des amis ? 

Peut-être car nous avons besoin de relations fusionnelles pour se sentir important, on existe alors à travers l’autre ? C’est la même chose qui peut d’ailleurs se passer en amour. 

Bref, j’ai envie du coup de te raconter ici, mon expérience de l’amitié. C’est une fois de plus très personnel (peut-être trop). Si je le fais, c’est que je pense que c’est utile pour les personnes qui comme moi ont des difficultés à établir des relations amicales. Je ne dis pas que l’amitié n’est pas importante, mais qu’on met derrière ce mot trop d’attente (ce qui engendre du coup beaucoup de déception). Et pour le coup qu’on soit très sociable ou pas, cet aspect vaut pour tout le monde, en tout cas, il me semble. Alors j’avais envie de revenir dessus.

Si je pars en introspection sur ma vie amicale, je constate que ma relation aux autres a toujours été compliquée ou du moins pas naturelle ou tant qu’à ni innée ni spontanée. Sûrement à cause de mon introversion, mais aussi des chagrins d’amitié que j’ai vécu. Chagrin qui m’a rendu encore plus renfermée sur moi-même. Je vais essayer de te dérouler en quelques lignes (si j’arrive à être succincte, ce n’est pas gagné cette histoire) mes amitiés.

 » Toute petite (2-3 ans), j’ai eu une amie très chère avec qui j’étais, semble-t-il, très fusionnelle. Nous étions gardées toutes les deux par ma Tatie. Malheureusement, elle a déménagé au cours de notre première année de maternelle. Si je ne me souviens pas de notre amitié, je me rappelle très bien, les cauchemars qui m’ont hanté pendant des mois voir des années. Cauchemars où j’allais dans sa maison, vide, désespérément vide et où je courrais partout en la cherchant sans relâche en hurlant et pleurant. Traumatisme d’enfance ? Est-ce cela qui a rendu mes amitiés suivantes inaccessibles ?

Est-ce pour cela que j’ai passé une enfance dans « la lune », dans « ma bulle », à me raconter des histoires, comme j’en parlais dans cette lettre sur l’écriture ? Sans doute, mais je pense que c’était aussi ma nature profonde. Toujours est-il que j’ai eu un ami imaginaire, Tintin, il s’appelait, pendant un long moment. J’avais donc mon ami imaginaire et mes histoires pour m’occuper.  Et si vraiment, je me sentais seule, il y avait ma sœur, mes cousins et cousines. Je n’avais donc aucune raison de chercher ailleurs.

Je ne le pensais sûrement pas ainsi, mais ça devait être un peu ça quand même. Et puis, je trouvais les autres enfants méchants, j’ai souvenir d’avoir subi un genre de harcèlement par un garçon de mon âge (vers 3-4 ans, oui déjà !) qui a également déménagé, heureusement. Bref, tout ça n’a pas du m’aider à m’ouvrir.

Pourtant, comme j’ai beaucoup pleuré à mes 7 et 8 ans, seule dans ma chambre. Pourquoi ? On dit que c’est l’âge de raison et je crois que c’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que j’étais différente des autres enfants. Jouer au ballon prisonnier ne m’intéressait pas, pas plus que les autres jeux d’ailleurs, ce n’était en soi pas un problème sauf que… Dans la cour de l’école de mon village, c’était au ballon prisonnier qu’on jouait à chaque récréation.

Jusqu’à cet âge-là, ça ne m’avait jamais posé problème, je restai dans mon coin avec mes histoires. J’acceptai totalement ma nature solitaire. Et puis comme dit, j’avais ma sœur et mes cousins/cousines. Mais en CP, j’ai réalisé que si les enfants de ma famille jouaient avec moi, c’était plus parce qu’ils n’avaient pas vraiment le choix que par volonté pure.

Bref ! En tout cas à 7 ans, on commence à s’inviter les uns chez les autres le mercredi, on fête des anniversaires. Moi, même si j’étais invitée, je me sentais toujours à part, pas vraiment exclue, mais jamais inclue. Et en dehors des anniversaires, personne ne m’invitait jamais. Pendant les récrés, j’étais toute seule. Cela a commencé à me peser.

Ma petite sœur avait pléthores d’amies et a toujours eu le don d’attirer les gens autour d’elle, une espèce d’aura solaire qui fait qu’on ne peut que l’aimer et avoir envie d’être amie avec elle. Moi, j’étais l’inverse. La fillette taciturne qui parle toute seule. Le décalage m’a sans doute révélé ma bizarrerie et je me suis sentie seule, exclue et j’en ai beaucoup pleuré. 

Ma maman m’a donc fait inviter par de nombreuses mamans des filles de ma classe. Sans succès. Ce n’est pas qu’on passait de mauvais moment, juste qu’il n’y avait pas d’atome crochu. Je crois que je ne savais juste pas faire. On a fini par abandonner, je ne sais plus pourquoi.

Toujours est-il qu’en CE1, on devait réaliser des exposés sur le sujet qui nous convenait en binôme. Et là, ça a été la douche froide. J’allais me mettre avec qui ? J’ai fini par demander à A. (elle se reconnaîtra si elle passe par ici.), l’autre fille un peu bizarre de ma classe (elle me pardonnera, j’espère, cette expression.). Nous avons fait un exposé sur les hamsters dorés (car j’en avais une, Princesse ! ) et notre amitié a commencé comme ça. On avait un point commun, celui d’être un peu à l’écart et ça nous a rapproché, je crois.

L’année suivante, une maison s’est construite dans notre petite impasse et un garçon de mon âge y a emménagé, G. Vivant à 30 m l’un de l’autre, nous avons eu l’occasion de passer du temps. Il s’est même cassé les deux bras au cours d’une de nos courses de vélo. J’ai donc terminé la primaire avec une amie et un ami. J’avais, je pense, enfoui ainsi ma bizarrerie et je pensais que ça durerait toujours. Je n’avais pas compris, je crois, qu’une amitié ne dure pas forcément pour toujours.

Au collège, A et moi sommes entrées dans un groupe de filles, les presque « intellos » et surtout les « moches » (en tout cas, on se voyait ainsi) sans trop le chercher. Là, j’ai découvert les histoires qu’il peut y avoir entre les gens. Les rumeurs, les regards de travers… Bref l’adolescence. Mais j’avais vraiment l’impression d’avoir créé de vraies amitiés avec toutes ses filles et je pensais encore une fois naïvement que ça durerait toujours.

Les histoires de mecs ont commencé à arriver et j’ai rapidement été la seule à avoir un copain et la jalousie a commencé à entrer dans le jeu. Les jeux de séduction, le harcèlement, les jalousies et finalement des trahisons et des mots très violents ou parfois un manque de soutien (de chacune, moi y compris, sans aucun doute) et petit à petit, je me suis à nouveau enfermée dans ma bulle.

J’ai cessé de partager mes histoires par peur d’être jugée. La bienveillance et le soutien qu’on attends tous de l’amitié avait disparu. J’écoutais seulement les histoires de mes « amies ». Cela aurait pu durer comme cela. Je m’en accommodais car je les aimais. J’enfouissais les fois où j’ai pleuré à cause de nos disputes (j’en étais parfois responsable bien entendu, je ne suis pas irréprochable.).

Mais une fois le lycée terminé, nous sommes parties dans différentes directions. Au lycée, nous nous voyons tous les jours ce qui maintenait nos liens, mais avec les études supérieures, nous n’étions plus du tout ensemble. J’avais un emploi du temps plus que chargé et les seuls moments où j’avais un peu de temps, je les passais évidemment avec mon copain de l’époque.

Au bout d’un peu plus d’un an, j’ai finalement réalisé que j’avais été exclue. Sûrement, pas, volontairement, j’ai sans doute fait des choses pas sympa sans m’en rendre compte, j’ai sûrement pas pris assez de nouvelles, mais tout à coup, je n’ai plus eu de nouvelles de personne. J’avoue que je n’en donnais pas trop non plus, mais là plus rien ou presque.

Finalement, quand j’ai voulu reprendre contact à la fin de mes études. On m’a fait remarquer qu’on était plus des amies puisqu’on ne se voyait plus, soit en me le disant clairement, soit pas. J’ai pris note. C’était la fin de certaines amitiés, et comme je n’avais pas pris la peine de lier de vrai autre amitié avec les gens que je côtoyais pendant mes études, la fin de toute amitié. Ce n’est pas que je ne voulais pas, mais je m’étais habitué à ne pas sortir de la zone de la camaraderie.

J’évitais de parler, surtout de moi, et je posais peu de questions, je n’osais pas, je ne me trouvais pas légitime, j’avais l’impression de déranger et donc même si j’ai rencontré des gens merveilleux qui partageaient beaucoup de mes valeurs, je n’ai pas su m’ouvrir à eux. Je n’ai pas su me faire de vrai nouveau amis. J’avais sans doute trop peur d’une nouvelle désillusion. J’avais appris que s’ouvrir voulait dire donner la possibilité à certaines personnes de te blesser. La seule qui est venue vers moi, je n’ai pas su créer un vrai lien. Je pense que j’avais trop peur d’être à nouveau rejetée donc je ne lui ai jamais proposé de faire des sorties en dehors des cours. Au fond de moi, j’étais persuadée qu’on finirait par me poignarder dans le dos.

Ensuite, j’ai commencé à travailler. Je suis tombée malheureusement sur un genre de psychopathe limite harceleur comme collègue. Alors j’ai verrouillé soigneusement ma vie privée de ma vie pro. Je ne voulais pas lui donner de grain à moudre et je suis restée dans ma bulle. Encore.

Et puis je me suis séparée de celui que je considérais comme mon meilleur ami. Nous nous sommes beaucoup aimés et puis mes sentiments à son égard ont changé pour tout un tas de raison, mais il n’empêche que malgré tout ses défauts, il était mon seul ami pendant des années. Je pensais vraiment que notre relation évoluerait d’amoureuse à amicale, mais ce ne fut pas le cas. Loin de là !  Je découvris une part de lui très sombre. J’avais eu confiance en quelqu’un qui ne m’avait pas respecté. Je découvris que je ne le connaissais pas si bien que je l’imaginais. En qui pouvais-je avoir confiance alors ? N’était-ce pas ça le sens du mot ami, quelqu’un en qui on a confiance ? 

À cause de tout ça, mais aussi de mon caractère, je suis restée coupée des autres durant des mois voir des années.

Je n’ai réussi à sortir de ce cocon que très récemment dans mon avant-dernier travail. J’ai rencontré des personnes de mon âge (mais pas que) avec qui je partage beaucoup de valeur et qui ne se sont pas arrêtés à mon attitude qui peut paraître froide et distante au premier abord (en tout cas, j’imagine). Je ne saurais pas comment les remercier. Il y a aussi celle qui même si je suis restée distante durant nos études et qui malgré tout a continué à me donner des nouvelles et à me proposer de se voir de temps en temps.

J’ai réussi alors à reprendre un peu contact avec certaines amies d’enfance, mais il faut l’admettre, ce n’est plus comme avant. On a loupé trop de choses et ce n’est pas évident de recoller les morceaux. Alors, oui, je pense qu’au fond les personnes avec qui je garde du lien aujourd’hui ne me mettent pas forcément dans la catégorie Amie avec un grand A, mais dans celle des connaissances amicales, mais ce n’est pas grave, ça me suffit !

J’ai lâché mes attentes sur l’amitié. J’ai conscience qu’on lui donne souvent un sens très fort, très profond, comme un lien indéfectible. Je ne connais pas ce type d’amitié ou alors elle s’est mal finie ou juste éteinte. Pour moi, aujourd’hui mes amies, ce sont juste des gens que j’aime voir même si ce n’est pas souvent. Ce sont ces personnes qui ne me jugent pas même si on ne se connaît pas par cœur du tout, loin de là.

Car si on reprends la définition d’un ami, c’est juste ça. Un ami est quelqu’un qu’on aime, qu’on écoute avec bienveillance, avec qui on partage sans avoir peur d’être juger et qui prend notre défense si il le faut. Et au final, si je regarde les choses avec ce prisme là, certaines personnes que je pensais être des amies quand j’étais au collègue et lycée n’en étaient pas forcément vraiment au final. On avait beau se parler, on ne s’écoutait pas, on se jugeait, on était bien loin de la bienveillance attendue dans une amitié.

Je n’attends pas de ces gens qu’ils me soutiennent quoi qu’il advienne, j’ai appris à mes dépens, que des gens comme cela n’existent pas et que d’ailleurs, on a aussi besoin de personne qui nous disent nos vérités en face. Même si je ne peux pas dire que je ne ressens pas encore de la colère vis à vis de certaines personnes qui m’ont beaucoup fait souffrir, il est vrai que j’ai fait la paix avec moi-même sur ces questions.

J‘ai conscience qu’une amitié a des hauts et des bas. J’ai conscience que je ne peux pas en attendre trop. Je reconnais et je sais que je fais et j’ai fait des erreurs comme tout le monde. Aujourd’hui, je crois que je m’ouvre de plus en plus, notamment grâce à ce blog et c’est bienfaiteur. Je n’attends rien de plus de mes amis que ce qu’ils peuvent bien m’offrir. J’espère qu’ils n’en attendent pas plus de moi. 

Mais je sais aujourd’hui que l’amitié ce n’est pas un long fleuve tranquille. La rivière de l’amitié est pleine de méandre. Elle dure ou ne dure pas. Qui nous apaise ou nous donne à réfléchir. Les amis sont simplement – et ce n’est pas réducteur – des camarades, des compagnons de vie, de toute une vie ou juste d’une partie. Pour le meilleur et pour le rire. Dans la bienveillance et le soutien, mais sans se perdre dans l’autre, sans donner plus que ce qu’on ne reçoit ! 

Ce que je voudrais rajouter, c’est que même s’il y a des choses que je ne pardonne pas, au fond tous les amis que j’ai eu, même que quelques heures, je les aime encore du plus profond de mon cœur. Mais aujourd’hui, je crois, j’espère être capable d’arroser mes amitiés de mon amour et mon attention. D’en prendre soin, mais sans attendre qu’elles produisent des fruits en quantité. Non, elles poussent à leur rythme, elles peuvent stagner pendant des années, être malade, être attaquées par des parasites. Même mourir parfois quand leur heure est venue. Je dois juste savoir les apprécier pour ce qu’elles sont et non ce que j’imagine qu’elles devraient être. 

Merci à tous mes amis (d’aujourd’hui, d’hier et de demain). Même si on ne se parle plus, même si on ne se voit plus, même si nos chemins se sont séparés, même si on s’est fait du mal ! Merci ! Et merci à toi, Harmonie, de me guider chaque jour vers plus d’amour. 

Ellega

PS: Harmonie, je me rend compte que cette lettre n’a vraiment aucun sens… Elle part dans tous les sens… On ne comprends pas ce que je voulais dire, mais bon tant pis ! J’espère que les gens qui me lisent auront une attitude d’ami. Ce regard bienveillant, sans jugement et qu’ils sauront me pardonner de mes maladresses !

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