BIENVEILLANCE,  RESPECT,  SIMPLICITE / NATUREL

Slow bra – qu’est ce que c’est ?

Chère Harmonie,

Je continue ma série sur les diktats pesants sur le corps des femmes. Depuis quelques décennies, il paraît évident à chacun et chacune que les femmes doivent porter des soutien-gorge. Le marketing nous a fait passer cela pour une nécessité biologique. On ne manquera pas de te dire : tes seins vont tomber si tu n’en portes pas. On nous fait donc passer cet objet pour un moyen de lutter contre la gravité et par voie de conséquence contre la vieillesse. On nous dira aussi qu’on aura mal si on en porte pas ou mieux qu’on a mal, car on en porte pas.

En gros, on nous a vendu un produit à l’aide d’argument se basant sur une pseudo-science. Si nous avions le choix de l’acheter ou non, cela irait encore, mais non. À force de nous marteler ces infos, ce vêtement est devenu indispensable et a pris une place si considérable qu’il en a modifié l’idée de ce que dois être une poitrine féminine : en remontant les seins et en les rapprochant et en ayant deux bonnets de tailles identiques… Ect. 

On a ainsi normée cette partie du corps des femmes, d’une façon pas du tout naturelle.

Aucune femme n’a la poitrine qui lui remonte sous la gorge et les deux seins écrasés l’un contre l’autre comme sur cette photo. Et pourtant, on en est arrivé à penser que si ! On a fini par trouver cela beau et à vouloir à tout prix être ainsi. Alors qu’il y a autant de poitrine que de femme.

On oublie même l’inconfort de porter un soutien-gorge : ça serre, ça compresse, ça blesse parfois (vous les sentez les baleines qui sortent des coutures et vous transpercent la peau.). Pourtant, ne se sent-on pas soulagée en fin de journée quand on l’ôte ? Les marques laissées ne nous démangent-elles pas ?

De mon côté, comme je le disais dans la dernière lettre, je ne voulais pas en porter à la base et puis une remarque (d’une fille à une autre en plus, comme quoi ne pas en porter, c’est comme être exhibitionniste) et une idée reçu (selon laquelle on a mal si on en porte pas – alors que c’était seulement car ma poitrine était en croissance (une croissance toute relative certes mais croissance quand même)) m’ont fait changer d’avis. Son port d’inconfortable a fini par devenir une normalité, puis un moyen de ressembler à ce qu’on attendait de moi. Surtout qu’avec mon petit 85 B rembourré tout ça me permettait de me sentir plus féminine. Bonjour cette croyance que la féminité correspond à une poitrine démesurée.

Même si je savais que ce n’était pas moi et que ça a fini par me déranger, il fallut que ma petite sœur (si elle passe par là : cœur avec les doigts) me dise un jour qu’elle ne portait pas souvent de soutien-gorge pour réaliser que c’était possible de faire autrement. D’autant plus que je n’avais jamais remarqué et que je trouvais sa poitrine bien plus belle que la mienne. Je remis alors en question cette idée que je n’avais pas le choix.

Je commençai alors à ne plus en porter pendant un hiver, il y a 3 ans maintenant. Honnêtement, cela me fit bizarre les premiers jours puis je découvris que je me sentais bien plus à l’aise ainsi et que personne ne remarquai rien. Certes, j’avais choisi l’hiver pour commencer avec les vêtements amples et épais de cette saison qui dissimule quasiment intégralement ma petite poitrine. J’attendis le printemps puis l’été. Je mis une ou deux fois mes vieux soutifs quand j’avais peur qu’on voie mes tétons à travers les vêtements.

Ces quelques fois, les journées me parurent interminables et j’avais l’impression d’être dans le corps d’une autre. Un corps qui n’était définitivement pas le mien et qui me paraissait si superficiel. Vraiment, je constatai à quel point, je détestai ce vêtement. Je m’achetai donc deux brassières sans armature ni rembourrage, juste pour les cas où je risquai d’être gênée de ne rien porter sous mes autres vêtements.

Ouhlala,on voit ces tétons ! Oui et ? Ben, on voit ces tétons quand même, ça se fait pas ! ça se fait pas d’avoir des tétons ?

Concernant la douleur et l’action de la gravité, j’ai pu constater à quel point, c’était faux. Oui, au début, si je me mettais à courir, le ballottement était important et ça tirait, mais ce n’est plus le cas. Et pour la gravité, mes seins n’ont jamais été aussi redressés de ma vie. Ils se tiennent beaucoup mieux désormais et en toute objectivité, ils sont bien plus beaux qu’avant.

Pour ces deux points, le marketing a bien fait sa désinformation en utilisant un argument pseudo-scientifique. Bien sûr que la gravité agit. Comme elle agit sur le reste de notre corps, mais en soutenant notre poitrine par un moyen externe, les muscles autour de nos seins ne servent plus à rien. Ils s’atrophient donc bien plus rapidement (car on empêche bien sûr par la dégénérescence de notre corps avec la vieillesse).

Il est donc beaucoup plus probable que votre poitrine tombe parce que vous portez cet objet que l’inverse. Concernant la douleur, elle vient simplement du ballottement qui tire donc sur la peau. Or plus vos muscles sont actifs, plus le ballottement est limité et moins la douleur est présente, CQFD. Certains utiliseront l’argument des femmes africaines aux seins plats, et je dois casser un mythe, ces seins plats n’ont aucun lien avec le port ou non de soutien-gorge. Il faut savoir que beaucoup de peuple africains pratiquent à notre grande horreur le repassage des seins.

Trois ans plus tard, je ne porte plus aucun soutif. J’ai toujours mes deux brassières, mais je dois les porter 3 à 4 fois dans l’année grand max quand mes vêtements sont trop transparents. Par contre, pour les tétons qui pointent et bien, je dois dire que je ne m’en préoccupe plus. J’ignore si quelqu’un a remarqué quoi que ce soit. Peut-être, mais personne ne m’en jamais fait la remarque. Si j’ai eu des remarques misogynes sur mes décolletés ? Pas davantage que quand j’en portais.

Je pratique ce qu’on appelle souvent le no-bra. Mais je préfère parler de slow-bra. Une façon d’exprimer le choix en fonction des situations de porter ou non un soutien-gorge. Un choix personnel et non dirigé par l’idée qu' »il faut ». Je choisis de ne pas porter de soutif quand je n’en ressens pas le besoin et d’en porter dans le cas contraire. Il y a des vêtements que j’aime porter et sous lesquels ne pas mettre un sous-vêtement pourrait être mal perçu. Le but n’est pas non plus de mettre mal à l’aise les autres plus que de raison. Comme je ne suis pas et ne souhaite pas être une extrémiste, je fais les choses comme je les ressens.

Il existe des groupes Facebook sur ce sujet et j’ai eu plaisir à lire des témoignages d’autres femmes à ce sujet. Beaucoup de personnes pensent que c’est possible pour les femmes à petites poitrines comme moi, mais pas pour les autres. Honnêtement, je n’en sais rien, car ce n’est pas mon cas, mais ce qui est sur c’est qu’il y a beaucoup de témoignages de femme dans ce cas qui pratiquent le no-bra et se sentent libérées depuis.

En tout cas, c’est clairement mon cas. Je me sens bien mieux dans mon corps. Ma poitrine, la vraie est devenue une part de moi que je reconnais et apprécie à sa juste valeur. Je ne la découvre pas différente de l’image que je renvoie en me déshabillant le soir et puis je l’aime plus. Pour rien au monde, je ne reviendrais pas en arrière.

Ellega

PS : https://www.freetheboobies.fr/index.php

7 commentaires

  • Iléana

    J’ai dû remettre un soutif avec l’allaitement (pour maintenir les coussinets d’allaitement, parce qu’une montée de lait sans ces petits trucs absorbant, c’est l’inondation !) et franchement, ça a été vraiment difficile au début. Pourtant, ils sont sans baleines et un peu plus grands que ma taille. Comme toi, ça a été une libération de m’en débarrasser il y a qql années et j’ai hâte de recommencer !

    • Ellega

      Ah oui, pour l’allaitement et pour la grossesse c’est une question que je me pose. Entre la prise de taille rapide et les montées de lait… Tu m’étonnes, une fois qu’on en met plus, on se rend réellement compte de l’entrave que c’est !

      • Iléana

        Pour la grossesse, je n’en ai pas portés, malgré des micros montée de lait (éviter les hauts blancs, le colostrum ne part pas au lavage ! XD) et une taille de bonnet en plus.
        Pour l’allaitement, j’ai pris encore une taille, mais ça ne me gène pas (pas de douleur particulière). J’en met uniquement pour maintenir les coussinets en place. Impossible de faire sans ! J’ai essayé les bandeaux, mais comme ma poitrine change sans cesse au cours de la journée en fonction des tétées, soit je me sentais complètement oppressée, soit au contraire, ça glissait…

  • Eni Luap

    Merci pour cet article éclairant !
    Je souhaite répondre à la question posée dans les commentaires de l’article précédent (pourquoi ne pas faire sans quand on a une « forte poitrine » ?)

    Tout d’abord je dois dire que je n’ai pas un grande expérience du slow-bra (en gros les dimanches canap’) du coup mes remarques ne tiennent pas en compte tes arguments ci dessus.

    Pour moi (et ce n’est que ma vision des choses) il y a au moins deux raisons :
    – l’association poids / mouvements. Bon je sais c’est pas très glamour, mais en ce qui me concerne, ce qui me gêne ce sont les mouvements (ce qui me gêne c’est la liberté c’est drôle non ?). Le poids peut avoir des effets un peu gênant (peau qui tiraille, maux de dos pour les très fortes poitrine…)
    -attention c’est degueu : La transpiration. En ce qui me concerne j’ai pas les seins hyper ferme et du coup je trouve ça gênant de transpirer là ou les seins touchent la peau du reste du corps. Avec un soutient gorge je ne dit pas que je ne transpire pas, mais moins et dans une zone moins étendue. Sans parler des frottements, des irritations lorsqu’il y en a.

    J’ai un autre argument mais qui est beaucoup plus « réfutable » : l’esthétisme. Je préfère ma silhouette avec un soutient gorge que sans (avec des habits). Alors certes, pas un soutif-prison mais un qui a un vrai rôle de soutient. Pour une poitrine peu ferme (depuis toujours) le soutient gorge permet de soutenir vraiment.

    Du coup c’est peut être plus une histoire de fermeté que de « poids »

    Mais c’est cool de découvrir tout ça, et je pense qu’on en reparlera en direct 😉

    Eni Luap

    • Ellega

      Rolala, mais non la transpiration c’est pas dégueu, c’est juste normal ! Je comprends toutes les raisons qui te bloquent, mais je crois que ce sont des raisons conditionnées par l’habitude tout de même car je pensais le même genre de chose, le plus fragrant ça a été concernant l’esthétisme, je pensais exactement comme toi avant mais c’était juste une question d’habitude ! Pour la pudeur, oui c’est ce qui freine le plus en été, et c’est pour ça qu’il m’arrive encore d’en mettre parfois ! Oui avec plaisir pour en reparler 🙂 bisous

  • Eni Luap

    Oh autre chose encore : je suis pudique.
    Je ne me vois pas ne pas porter de soutient gorge en été ou lorsque je porte seulement un tee shirt en dehors de chez moi. Je suis bien trop pudique pour ça ! Peut être est ce dû aux regards que j’ai déjà du supporter de nombreuses fois de la pars d’hommes et de femmes qui se permettaient de me juger (avec un soutient gorge pour le coup).
    Mais ma pudeur dépasse ce genre de regard, sans je me sentirais super mal à l’aise et j’aurais qu’une envie mettre une veste. Avec un pull je dis pourquoi pas, je veux bien tester. Mais juste un tee shirt ça serait pas possible. Pour moi.

    Eni Luap

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