BIENVEILLANCE,  RESPECT,  SIMPLICITE / NATUREL

Slow épilation – on en parle ?

Chère Harmonie,

Je continue encore sur le sujet des diktats pesants sur le corps des femmes, mais pour parler plus avant cette fois de l’épilation. De même que pour les soutiens-gorge (Comment ça, je raconte toujours la même chose ? Ce n’est pas ma faute si c’est la réalité !) , l’épilation vient du marketing. Il faut nous vendre des produits ou objet. Et dans ce cas, pour enlever nos poils, encore et toujours (à de plus en plus endroit et de plus en plus souvent). Des produits qui sont d’ailleurs plus chers que les même produits à destination des hommes (bonjour, taxe rose !).

Comme pour les soutiens-gorge, le but est de ne pas ressembler à une vraie femme. En fait ne pas ressembler à une femme tout court. Car je tiens à le rappeler, une femme est par définition une personne de sexe féminin pubère et donc en âge de procréer. Et comment on sait qu’on entre dans la puberté ? Notamment par l’apparition des poils, CQFD. Bref ! Ne nous énervons pas !

Mais alors, pourquoi donc on s’épile (Bordel de m****! On a dit qu’on ne s’énerver pas, désolée Harmonie)Encore une fois parce qu’on nous l’a martelait de toutes les manières possible et d’une manière si insidieuse qu’on l’a parfaitement intégré. C’est à nouveau une postulation pseudo-scientifique qui en est l’origine. On nous dit ainsi que les poils, c’est sale parce que ça retient la sueur par exemple. Et tout simplement, en nous matraquant de corps de femme imberbe de sorte qu’un corps de femme normale nous paraisse étrange, moche, sale. On montre souvent du doigt la pornographie, mais si c’était que dans la pornographie… On serait loin d’attraper un rasoir à 12 ans pour ôter les trois poils qui poussent sur nos aisselles.

AAucune femme ne te dira, je crois, qu’elle aime s’épiler. Non, elle dira qu’elle le doit, mais que ça fait mal, que c’est chiant, que c’est long et que la repousse, c’est encore pire (bonjour, démangeaison et poils incarnés!). En fait, on se torture pour au final que peu de jours où on se sent à l’aise. Je ne parle pas des effets que cela peut avoir physiquement.

Si dame nature nous a laissé des poils à ses endroits, ne serait-ce pas parce qu’ils servent à quelque chose, à tout hasard ? On a perdu notre queue qui ne nous servait plus, alors pourquoi diable a-t’on garder des poils ? Bizarrement aux endroits de frottements notamment ou au niveau des muqueuses… Je te le donne en mille pour protéger notre peau et nos muqueuses des agressions externes. De plus en plus de médecins le disent d’ailleurs : s’épiler est la pire chose à faire pour notre santé. Pour l’instant, cela se cantonne à l’épilation du pubis qui favorise mycose et autre joyeuseté, mais pour le reste aussi. J’en ai fait moi-même l’expérience avec une irritation constante des aisselles qui me provoquait des douleurs à chaque frôlement.

On dit toutes aussi que c’est injuste que les hommes ne s’épilent pas et pourtant, on trouve ça normal voir viril un homme velu et dégueulasse une femme non-rasée. Pourquoi ? Encore une fois, parce qu’on a toujours vu les choses ainsi et qu’on a accepté, intégré que la beauté, c’était ça. On n’a pas choisi, il ne s’agit pas d’un goût qui nous est propre (en tout cas dans la plupart des cas) mais d’une opinion qu’on nous a imposé.

Moi-même, je me suis épilée assidûment dès qu’on m’a dit que ce n’était pas normal, sale et moche de les laisser. Et puis j’avais l’image de mes tantes, de mes cousines et de ma mère et je n’ai donc pas remis en question cette « vérité ». En fait, je n’avais jamais vu une femme avec des poils, ni dans ma vie quotidienne, ni dans les médias. Et ce qu’on ne connaît pas nous paraît étrange voir laid, car on est tout simplement pas habitué.

Pourtant, quand j’en suis arrivée à cette irritation constante des aisselles, je ne portais déjà plus de soutiens-gorge. Je remettais donc en cause les normes de beauté imposées dans la société. Et si cela m’avait été facile pour les soutifs, arrêter de m’épiler me semblait tout bonnement impossible. Je pensais vraiment trouver cela moche. Pas dégueulasse, non mais moche.

Pourtant, avec la découverte du no-bra, je découvris du même coup aussi des personnes qui pratiquait la non-épilation et leurs arguments étaient plus que valables. Je vis pour la première fois des photos de femmes qui restaient telles qu’elles étaient naturellement et petit à petit, cela me parut moins étrange, moins laid, parfois même étrangement beau et sensuel.

Oui, mais entre adhérer aux arguments et appliquer les choses dans sa vie, dans son corps, il y a un monde. Comme pour tout changement, cela nécessite du temps. Pourtant, quand je suis tombée enceinte, ça a été le déclic. Je me suis dit que si j’avais une fille, je ne voulais justement pas lui donner cette image qu’elle n’avait pas le choix. J’arrêtai donc de m’épiler.

Je ne me suis pas épilée pendant 1 an et demi et puis un mariage est arrivé. Et si jusque-là, il m’avait été plus ou moins facile de ne pas m’épiler, car il y avait eu l’hiver puis un été que j’avais passée en vêtement de travail, car nous rénovions notre appartement. Les fois où mes poils pouvaient être vus ont été limitées. Soit j’avais suffisamment confiance en les personnes autour de moi pour assumer, soit je m’habillais en conséquence.

Pourtant, face à ce mariage, je ne me voyais pas arriver les poils au vent. D’un côté, parce que je ne voulais froisser personne. En effet, même si moi, je me suis suffisamment déconstruite pour ne plus penser qu’une femme non épilée est négligée ou ne fait pas d’effort, ce n’est pas forcément le cas de tous les gens que je côtoie et je ne voulais pas qu’on croie cela. Alors oui, ça aurait pu ouvrir des discussions, mais dans un mariage, ce n’est à mon sens pas le lieu et je n’ai clairement pas envie d’attirer l’attention d’une manière générale et encore moins sur mon physique. De l’autre côté, j’avais vraiment envie de porter une robe et de ne pas en racheter une exprès pour l’occasion (achat inutile) où ça ne se serait pas vu.

Je me suis donc épilée et ça a été horrible. Je n’ai pas d’une part reconnu mon corps. D’autre part, j’ai réalisé que si durant cette période de poils libres, j’avais fini par les aimer. Pourtant, il m’avait semblé que je ne les trouvais pas beaux. J’évitai simplement d’y faire pas attention. Au final, j’ai pu constater qu’en fait pour ceux de mes aisselles du moins, finalement je les aimais assez et ça a été difficile pour moi de les ôter…

Cette expérience a été compliquée pour moi et je dois bien admettre que si la situation se représente, je ferais tout de même sans doute la même chose. C’est pourquoi, je fais le choix d’une slow épilation. M’épiler uniquement quand ne pas le faire me mettrait trop mal à l’aise !

Ce que j’ai appris avec ce choix, c’est que mon corps me le rend bien. Mes aisselles sont désormais en bonne santé, j’ai beaucoup moins de mycoses qu’avant aussi. Je ne souffre plus de poils incarnés ou autre joyeuseté du genre. Le point noir reste mes mollets, car je n’aime toujours pas ça.

Donc oui dans tout un tas de situation sociale, je n’assume pas ce choix et je décide de le cacher. Alors oui, je me prive souvent de porter des robes, des jupes ou des débardeur. Alors est-ce que c’est une bonne solution ? L’idéal serait que j’assume, mais ce n’est pas le cas.

La peur du regard des autres est toujours bien présente. Je n’aime pas attirer l’attention d’une façon ou d’une autre. De plus, je ne peux m’empêcher de me comparer et de trouver ça bizarre d’avoir des poils qui dépassent. Même si je ne trouve ça plus moche, c’est tout de même étrange, comme si ça n’était pas à sa place… Cela vient sûrement du fait que je n’ai encore vu que peu de personne assumait ce choix. Je me sens donc seule. Être sur des groupes de personnes concernées, voir leurs photos, ce n’est pas comme les croiser. Ce n’est pas comme voir quelqu’un dans la rue qui vit avec ses poils en complète harmonie.

Pour illustrer cette lettre, je voulais te montrer, Harmonie, des images d’épilation. Et j’étais choquée de ne trouver que des photos allant dans le sens renforçant la culpabilisation. J’ai trouvé des scènes idyllique avec des femmes souriantes, des cadres romantiques, des photos avec des femmes à poils qualifiées d' »ugly« , ou des femmes horrifiées cherchant à la loupe le moindre poil récalcitrant…

Cela illustre parfaitement l’image qu’on veut en faire. Ces images illustrent aussi la charge mentale de ce diktat qui nous empêche de vivre sereinement. On réfléchit sans cesse si on est assez bien épilée pour aller à la piscine. Quand on doit s’épiler pour être parfaite à la soirée où on a l’intention de porter cette jolie robe. On s’excuse d’avoir trois poils sur le tibia… C’est assez terrible quand on y pense, non ?

Alors, et si on changeait de manière de voir les choses ? Qu’en penses-tu ? Ne serions-nous pas plus en Harmonie avec nos corps si on lui foutait juste la paix ?

Ellega

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